Nous avons dès lors donné la priorité à trois volets principaux d’activités :
- l’intégration d’une approche féministe dans les réactions de notre propre organisme ;
- l’offre d’un soutien souple à nos partenaires bénéficiaires dans le monde entier ;
- la surveillance des impacts sexospécifiques de la pandémie et de l’instabilité économique en découlant.
Par ailleurs, il ne fait aucun doute que, malgré les grands bouleversements que nous vivons à l’heure actuelle, beaucoup de choses demeurent inchangées.
LES RÉACTIONS DU FONDS ÉGALITÉ
Comme beaucoup de personnes dans le monde, le Fonds Égalité a agi pour assurer la sécurité de notre équipe et du public en interrompant nos voyages et en annulant plusieurs événements à mesure que l’impact potentiel de COVID-19 devenait plus clair. Alors que le monde — y compris notre gouvernement — amorçait la prise de mesures concrètes la semaine dernière, nous avons, à l’instar de tant d’autres organisations, opté pour le travail à distance. Après tout, notre priorité principale du moment concerne la santé et la sécurité de notre équipe et de nos partenaires.
Suivant la recommandation des autorités de la santé publique, le Fonds Égalité sera en mode télétravail aussi longtemps que nécessaire et évaluera la situation au fil de ses développements. Bien que ce mode de fonctionnement ne nous pose aucun problème en raison de la souple culture de télétravail optionnel de notre organisme, la nouvelle réalité des soins aux enfants et aux personnes âgées créée par la distanciation sociale présente de nouveaux défis que nous nous employons à aborder ensemble.
Nous avons élaboré pour notre équipe du Fonds Égalité un ensemble de principes directeurs qui nous guideront durant cette période d’incertitude et de bouleversements :
- 1) nous avons la conviction que nous faisons tous de notre mieux;
- 2) nous prévoyons de grandes perturbations dans notre travail et les reconnaissons;
- 3) nous nous attendons à ce que chaque membre de l’équipe expose clairement sa réalité, et nous ferons de notre mieux pour tenir compte de ces besoins et d’y répondre;
- 4) nous avons besoin de savoir ce qu’il nous est possible ou impossible de faire avancer durant cette période;
- 5) nous nous engageons à communiquer fréquemment;
- 6) nous sommes déterminés à approfondir notre compréhension des impacts sexospécifiques uniques de la pandémie et de les diffuser publiquement.
Comment s’appliquent ces principes dans la pratique? Ils reposent sur la compréhension de la difficulté de gérer nos horaires en présence des enfants, des parents et des animaux de compagnie; sur la compréhension de la nécessité de rationner les bandes passantes du réseau sans fil entre les partenaires en télétravail; sur la reconnaissance du besoin de nous éloigner de l’ordinateur pour sortir et nous occuper de notre bien-être; sur des communications avec les autres membres de l’équipe pour leur demander comment ils vont, vraiment; sur la recherche et le partage d’humour à la fin des réunions et sur la planification de rencontres virtuelles pour prendre un café; sur l’établissement de priorités dans notre travail et des échanges plus ciblés avec nos collègues au moyen de plateformes et d’outils nouveaux; sur l’offre d’aide; sur le partage de ce à quoi ressemble réellement l’équilibre vie personnelle-travail (ou son absence).
Plus important encore, ils reposent sur la confiance en nos collègues et la conviction que nous agissons tous au mieux.
Cela n’a pas changé.
Nous reconnaissons également que notre capacité à passer en mode télétravail est un avantage qui n’est pas accessible à tout le monde.
Nous avons le privilège d’édifier une institution, laquelle, nous l’espérons, deviendra l’un des plus grands organismes féministes au monde. Nous sommes déterminés à mener nos activités de conception et constitution du Fonds Égalité en accord avec nos valeurs féministes et à privilégier une culture organisationnelle qui survivra et se développera au-delà des réactions à la pandémie. Nous croyons que notre propre organisme et les membres de notre personnel ont besoin d’une souplesse de soutien et d’une confiance équivalentes à celles de nos partenaires bénéficiaires sur le terrain.
LES MODALITÉS DE SOUTIEN DU FONDS ÉGALITÉ À SES PARTENAIRES BÉNÉFICIAIRES
Nous croyons qu’il est important de soutenir les organismes de femmes et de jeunes filles en leur accordant un financement de base adapté qui leur permettra de prendre les mesures nécessaires pour accroître leur impact.
Cela n’a pas changé.
En ce qui concerne nos partenaires bénéficiaires, nous convenons que cette pandémie et les réactions des autorités sanitaires et politiques qu’elle suscite modifient déjà leurs modes de déplacement, de travail et de vie. Nous maintenons notre engagement à respecter nos partenariats avec une souplesse additionnelle ainsi qu’avec des communications et un accompagnement plus soutenus. Nous avons assuré nos partenaires que nous les appuyons dans l’application des précautions nécessaires de santé et de sécurité qu’ils auront choisies.
Nous écoutons également des récits exposant comment les remarquables organismes que nous soutenons modifient leurs façons de faire pour répondre aux besoins de leurs collectivités. Par exemple, un partenaire au Liban a adapté ses activités pour distribuer des informations pertinentes en matière de santé à des groupes marginalisés, notamment dans des collectivités et des camps qui accueillent également des réfugiés de Syrie. Ses membres travaillent aussi à partir de leur domicile et se servent des ressources à leur disposition pour transmettre aux femmes les informations dont elles ont besoin.
Maintes et maintes fois, les organismes et mouvements féministes s’adaptent et s’activent en temps de crise, utilisant les ressources et les possibilités qui leur sont accessibles pour créer des impacts positifs. C’est encore le cas au cœur de cette pandémie.
Nous publierons d’autres histoires inspirantes au cours des prochaines semaines.
RECONNAÎTRE LE RÔLE DES GENRES DANS LE CONTEXTE DE LA PANDÉMIE
Nous recevons des courriels d’autres organisations, de fournisseurs, de restaurants, de gouvernements, pour ne nommer que ceux-là. Les communications, les analyses et les mises à jour sur les nouvelles nous parviennent à un rythme effarant.
Nous sommes déterminés à nous informer des impacts sexospécifiques inégaux et uniques, et à les souligner dans nos communications, et aussi à mettre en évidence de quelles façons les femmes et les filles s’y prennent pour demeurer en première ligne en ce qui concerne les responsabilités familiales et communautaires.
Cette crise aggrave les inégalités structurelles qui existaient avant qu’elle ne se produise, et elle continuera sur sa lancée. La pandémie a révélé la grande précarité du système, particulièrement pour les travailleurs des secteurs de services, les parents seuls, les travailleurs de la santé, les survivantes de violence conjugale et les travailleuses du sexe, de même en ce qui concerne le droit du travail et bien d’autres aspects. Les crises comme celle de la COVID-19 font ressortir les inégalités, qu’elles se fondent sur le genre, la race, la capacité, l’état de santé, la nationalité ou toute combinaison de ces désavantages systémiques.
Nous avons vu les principaux diffuseurs de nouvelles couvrir les répercussions de la pandémie sur les femmes, dont le Time Magazine (Why the Coronavirus outbreak could hit women the hardest), le Telegraph (Here’s the problem with telling women in abusive relationships to self-isolate) et le New York Times (Why Women May Face a Greater Risk of Catching Coronavirus), pour n’en nommer que quelques-uns. Le Center for Global Development (Centre pour le développement mondial) et d’autres organismes offrent des analyses utiles comme celle présentée dans l’article « How COVID-19 Affect Women and Girls in Low- and Middle-Income Countries ». Une plus grande sensibilisation se manifeste, même à l’égard d’enjeux plus précis auxquels font face les femmes dans la crise qui prend de l’ampleur dans d’autres domaines, comme le travail du sexe dans diverses parties du monde, notamment en Jamaïque et aux Pays-Bas. Alors que les articles publiés dans les médias accordent une plus grande importance à l’analyse comparative entre les genres, c’est également le cas en ce qui concerne les enjeux liés au genre dans l’élaboration de politiques et les interventions d’urgence.
Le plan d’aide économique du gouvernement du Canada annoncé le 18 mars comprend 50 millions de dollars pour les refuges et les centres d’aide aux personnes fuyant la violence sexiste. Le gouvernement a reconnu le danger de demander aux gens de demeurer dans un foyer à risque et a bonifié le soutien à nos institutions qui offrent des refuges sûrs dans un monde incertain.
Ce sont là des signes d’espoir. Pourtant, il reste encore tant de travail à accomplir.
Nous avons à cœur de réaliser notre mission qui consiste à apporter des solutions aux causes premières de l’inégalité en soutenant les mouvements et organismes féministes les mieux placés pour résoudre cette dernière. La pandémie ne fait qu’augmenter l’urgence de notre action, et nous, au Fonds Égalité, poursuivrons notre travail, en mode nouveau, pour créer le monde dans lequel nous voulons vivre.
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1 Les articles cités dans ce paragraphe sont en anglais seulement.